09 janvier 2009

Découverte: Nkongsamba


















Situé à 145 kilomètres de Douala et à 370 kilomètres de Yaoundé soit 6 heures de route, Nkongsamba est un grand centre agricole avec la culture et la commercialisation du café comme activités principales.
Blotti dans une cuvette triangulaire et délimité par des monts fascinants qui sont des cratères volcaniques déchiquetés : Manengouba avec 2400 mètres, Nlonako et Koupé, où aux dires des villageois habitent les dieux protecteurs de la région.
La principale activité industrielle à Nkongsamba est le décorticage du café. C’est une activité saisonnière qui permet aux habitants de générer leurs revenus sur une moitié de l’année, l’autre moitié étant consacrée aux activités diverses comme la culture du mais, de l’huile de palme du petit commerce.
Coté éducation, la ville de Nkongsamba possède une dizaine d’établissements du second degré. Le Lycée du Manengouba et le collège St Jeanne D’Arc comptent parmi les établissements de grande renommé sur toute l’étendue du territoire camerounais.
En plus des établissements d’enseignement secondaire, Nkongsamba possède une école de formation des enseignants du secondaire.Après la construction du chemin de fer dans la ville en 1912 par les Allemands, le nom de Nsamba fut donné à cette dernière par l’administration allemande. Occupé par les Anglais en 1914, la ville passe sous le contrôle français en 1916 avant de devenir un centre administratif en 1923, succédant ainsi à Baré.
Nkongsamba était le terminus du chemin de fer, partant de Douala en passant par Mbanga avec un embranchement sur Kumba.
Estimé à environ 200.000 habitants, la population de Nkongsamba est un mélange de diverses ethnies camerounaises. A coté des autochtones, les Mbos, on retrouve entre autres les Bamilékés, les Tikars, les Peuhls et les Bororos.
Nkongsamba est le chef lieu du Moungo dans la province du Littoral.

08 janvier 2009

Poème: Triste rose

Que fais-tu triste rose
Sous ce ciel obscur et sans voile
Que fais-tu par ce temps morose
Perdue dans cet espace sans étoile
Le brin de tes yeux terni par les larmes
Ton cœur déchiqueté par des ogres sans âmes
Retracent en silence les mirages d’une sombre adolescence
Parsemée parfois de bonheurs fugaces et éphémères
N’entends-tu pas ces voix desséchées dans le désert,
Les cris de la femme de l’homme bourré d’insouciance
Tenant jalousement dans sa main rude et sèche
Ce cœur jadis pur mais aujourd’hui calciné ?

Regarde autour de toi belle rose
Regarde ces hyènes ces chacals et ces vautours
Regarde ces tigres qui se cachent derrière l’amour
Pour assouvir ainsi égoïstement
Des désirs injustifiables, mais par eux justifiés,
Méritent-ils un temps soit peu ton affection ?
Doivent-ils goûter à la saveur de cette source tarissante par ce soleil de sècheresse
Méritent-ils poser sur ce corps bien trop divin
Des mains avares dotées de pensées malsaines ?

Regarde-toi !
Regarde-toi belle rose !
Ta force est inégalable
Ta beauté est digne de celle d’une déesse
Et ton sourie est source d’ivresse
Ôte de toi cet air misérable de tristesse
Car ton courage n’a d’égale que ton incroyable aubaine,
Et ton arme est plus redoutable que leurs pensées pérennes

Alors triste rose
Eclos comme cette fleur qu’on arrose
Qu’elle partage avec d’autres roses
L’éclat de ta fierté et de ta liberté

Gtal

07 janvier 2009

Nouvelle: "Jeanne"

Tu mâchais, mâchais, mâchais, et plus tu mâchais, plus je te détestais. Tu étais là, devant moi, mais je ne te voyais déjà plus. Car tu étais mort. Mort dans mon cœur, mort dans ma vie, mais toujours vivant dans mes pensées, car en te regardant manger, je me demandais ce qui serait advenu si tout avait été différent. C’est vrai que tu m’avais tuée avant, moi l’épave.
Tu étais assis dans ton salon, tu regardais ta télévision, tu mangeais, sans me regarder, sans me parler. Tel un décor dont on n’aurait remarqué l’absence, tes yeux gris me fixaient sans me voir. Tu ingurgitais ton repas avec délectation, sans pensée aucune pour les mains qui te l’avaient apprêtées, jadis par amour, aujourd’hui par automatisme. De toute façon pourquoi l’aurais-tu fais, pour toi il y avait Jeanne…
La nuit était tombée depuis longtemps, et je t’avais attendu. Cette soirée, je la voulais spéciale, car tout allait être différent. Malgré tes retards qui s’allongeaient chaque jour un peu plus, je t’avais attendue. J’avais réchauffé ton repas – celui que tu préfère – que j’avais mis dans nos plus beaux couverts.
Je m’étais faite belle, comme je ne l’avais plus fait depuis longtemps, pour toi. Et je m’étais assise à ta table pour te regarder manger, en épouse ; cette épouse que je n’étais déjà plus.

Et toi, de tout cela, tu n’avais rien remarqué. J’avais depuis longtemps cessé de te surprendre. Une monotonie insipide s’était frayée le chemin dans notre foyer, brulant à petit feu cet amour que nous éprouvions l’un pour l’autre. Le feu s’était consumé dans l’âtre, et n’avait été ravivé, et aujourd’hui, les cendres humides ne pouvaient donner à notre vie de couple la chaleur dont elle avait besoin.
Tes virées nocturnes étaient de plus en plus fréquentes et tardives ; mais je n’étais déjà plus outrée. Car en ton absence, je me sentais revivre. Les enfants réussissaient à combler mes moments de tristesse devenus aujourd’hui très rares. Une euphorie grandissante s’était emparée de mon être : tout était devenu plat à mes yeux, même ton manque d’affection.

Te souviens-tu ? Te souviens-tu des beaux moments ? Ils avaient été très courts tu sais ? Tel le rêve qui s’envole dès que pointe le jour, ils n’avaient été qu’un mirage inaccessible. Qu’est-ce-qu’on se marrait bien tous les deux : les sorties nocturnes, les discutions autour d’un pot de vin, les enfants, les voyages, les sourires et les mots doux, puis Jeanne, et puis plus rien.

Et pourtant, je n’en ai jamais voulu à Jeanne…
Elle était tout ce que je n’étais plus. Elle avait cette joie de vie ensorcelante que tu m’avais ôtée à l’aube de mes 20 ans ; cette beauté juvénile que j’avais refusé d’être par souci de ne plus te plaire. Elle avait ce petit quelque chose que recherchent tous les hommes et qu’on ne peut définir.
Je me souviens ce jour où, très malade, je ne pouvais remplir mon devoir de femme auprès de toi. Elle m’avait suppléé, avait fait ton repas, et était resplendissante à ta table, alors que tu te délectais de sa joie de vivre et te laissais emporter par son magnétisme. Je crois que c’est ce jour où tout à commencé ; tu étais ensorcelé par l’innocence et la jeunesse, tu étais redevenu heureux.
Pourtant, je n’en ai jamais voulu à Jeanne…

Tu mâchais, mâchais, mâchais. Tu mâchais sans insouciance ni remord, tu mâchais à la vie, tu mâchais à l’ivresse.
Aujourd’hui, Jeanne est partie, et tu es toujours heureux. La tristesse et l’absence que je voyais sur ton visage n’étais qu’un rêve auquel j’aspirais depuis longtemps : toi épave, coulé par le plaisir de l’alcool, et rongé par le manque et le remord.

Je rêvais de toi, dans une barbe naissante te rongeant le visage, noyé dans la rancœur et la décrépitude. Non…
Aujourd’hui, Jeanne est partie et tu es toujours heureux. Et qu’est-ce-que j’en veux à Jeanne !
Elle n’avait su faire de toi cet homme fidèle et comblé que j’avais pensé épouser. Cet homme qui ne vivait que pour l’amour d’une femme, cette femme que je croyais enfin que tu avais trouvé en elle.

Alors que le calme reprenait ses droits dans la maison et que tout semblait dormir peu à peu, je te regardais manger, lentement, très lentement, et t’assoupir sous l’effet de la poudre insipide. Mon succulent repas avait le mérite de te guérrir définitivement de ta gangraine; le poison que j’y avais déversé commençait à agir, et je te regardais froidement choir.Dors mon bébé, dors à l’infini. Demain, je m’en irais scander de douleur sur tous les toîts, que l’homme de ma vie, mon tendre amour, n’est plus. Si Jeanne ne t’a pas rendu heureux, alors personne d’autre ne te rendra heureux...
Gtal